Lundi 17 mai, nous partons (avec la pluie, est-ce nécessaire de le préciser encore…) de Lignère direction Ins. Nous faisons une courte pause au Landeron pour embarquer avec nous une journaliste de “Terre et Nature” qui souhaite écrire un article sur notre périple.
La traversée de la ville du Landeron est très étrange. Premier contact avec la « civilisation » après tant de jours loin de tout dans la nature. Chose plus étrange encore, nous sommes stoppés par un feu rouge! Et oui, pas de feu de signalisation dans le Jura, comment va réagir Héroïque? Rien à signaler, tout roule, il a patienté tranquillement en attendant de redémarrer. Bizarre tout de même…
Nous longeons ensuite le canal de la Thielle, nous traversons une forêt pour finalement déboucher sur Ins. Nous laissons Héroïque au manège. Quant à nous, nous logerons plus loin en dehors du village dans une zone industrielle au Beach Inn. Nous sommes moyennement ravis par cet hôtel, si loin du manège et si loin du style d’hébergement que nous avons eu jusqu’à présent. Peu de charme, de tradition ou de terroir dans cet hôtel. Mais nous y sommes très bien accueillis tout de même. Les filles peuvent même jouer un moment dans le sable du terrain de Beach Volley. Mais c’est clair que l’hôtel ne reflète en rien les charmes de la région ou les produits du terroir.
Le lendemain matin, après un excellent petit déjeuner, le gentil propriétaire nous reconduit au manège.
Aujourd’hui, mardi 18 mai nous traversons des champs. À midi, nous décidons de faire une halte sur la plage au bord du lac de Morat. Nous nous sommes arrêtés juste avant le lac dans une ferme pour acheter quelques bons produits du terroir pour notre pique-nique.
Il fait beau (mais pas chaud), les filles se trempent les pieds (et un peu plus…) dans le lac de Morat. L’endroit est magnifique. Tout le monde est heureux.
Nous repartons et longeons cette fois-ci le canal de la Broye direction l’embouchure sur le lac de Neuchâtel. Le sentier le long du canal n’est pas très large et l’herbe est haute. Fred tient les rênes et Héroïque ne tient pas en place. Il s’arrête brouter tous les deux mètres ou part au galop quand ça lui chante. Fred devient plus cadrant et le parcourt devient plus agréable. Le chemin est magnifique, si nature. La faune et la flore le long du canal sont incroyables. Nous observons hérons, grand cormoran, grenouille et différents arbres voûtés direction l’eau comme si leur seule envie était d’y plonger la tête la première. Je ne sais pas si c’est la présence si spectaculaire de ce soleil si attendu qui me fait me sentir pareil, mais ce chemin-là a eu comme un petit goût de paradis.
Nous arrivons en fin d’après-midi à la Sauge. Héroïque sur un lit de foin à côté de vaches des Hightlands et nous dans l’auberge proche des chants des oiseaux.
Le restaurant de l’auberge est fermé ce soir-là, nous sommes tellement déçus. Nous nous réjouissions d’y manger. Le label fait maison et la présence de produits bio du terroir nous indiquaient que nous trouverions beaucoup de plaisir à nous asseoir à une de leur table. Nous y reviendrons…
Le mercredi 19, nous partons sous la pluie direction Glettrens. Nous nous réjouissons de longer le lac. En réalité, nous ne l’avons pas vu une seule fois. Le sentier et le lac sont séparés par une zone de protection de la faune et la flore. C’est tellement agréable de se dire que dans cette région la protection de la nature est un élément important. Cela limite certes les libertés de promeneurs ou des navigateurs, mais l’écosystème est au moins protégé et nos enfants pourront continuer d’observer des oiseaux sur nos lacs.
Nous arrivons à Glettrens et laissons le cheval à la ferme d’Ostande de Chevroux. Le gentil propriétaire nous accueille très chaleureusement et prépare un joli parc pour Héroïque. Il se met a pleuvoir abondamment, il nous propose de nous mettre à l’abri et nous fait déguster sa bière artisanale. En même temps, il nous raconte avec son ami et collègue son histoire et comment cette bière a résisté à l’incendie de leur ferme quelques mois plus tôt.
Après ce joli moment, nous rejoignons le village lacustre de Glettrens pour dormi sous un tipi. Il fait froid, nous sommes fatigués et découvrons que nous dormirons sous un tipi qui n’a pas encore pu être équipé de copeaux à cause du mauvais temps. La propriétaire est sympa et nous a apporté des petits matelas de camping pour amortir le sol en gravillons. Nous décidons de mener l’expérience jusqu’au bout, la soirée sera indiennes&compagnie. Je fais des tresses aux filles, nous faisons un feu et grillons des maïs, puis des marshmallows. Nous faisons un feu à l’intérieur pour la nuit. Il pleut, il fait froid, la nuit a été courte. Dès que le feu mourait le froid nous réveillait. L’inconfort et le froid ont rendu l’expérience mémorable. Le village lacustre est quant à lui magnifique. Il nous a donné l’occasion de reparler de l’évolution de l’habitat et des habitudes entre le paléolithique et le néolithique avec les filles. Nous pourrons nous y référer quand nous visiterons aussi le Laténium à Hauterive.
Jeudi 20 mai, nous nous levons les dos endoloris et les vêtements puant la fumée. Rien de grave, ce voyage c’est l’aventure avant tout! Nous accueillons vers 9h, l’équipe de la RTS qui vient filmer une dernière fois. Cette fois-ci, il fait beau. Ils nous accompagnent un moment. Il s’agit de faire le bilan et de parler de l’expérience maintenant qu’on voit le bout. Le moment est agréable, bien moins stressant que la dernière fois dans le Jura avec le déluge.
Nous continuons ensuite notre route jusqu’à Montagny-La-ville où la famille Barmaverein nous accueille chaleureusement. Jean-Claude est éleveur de Franches-Montagnes malgré la distance avec le Jura. Nous dormons dans leur grange sur la paille.
Vendredi 21, nous nous levons et sommes prêts pour notre dernier jour de roulotte. Tout le monde est un peu remué ce matin, les émotions sont déjà bien présentes. Nous allons à la fois savourer les derniers moments avec Héroïque, profiter une dernière fois de la chance d’atteler en pleine nature, mais aussi serrer les dents une dernière fois sous la pluie…
Après une bonne matinée sous la pluie, nous nous arrêtons pique-niquer sous un couvert. Jean-Claude était venu nous préparer le feu avant notre arrivée. Nous avons tellement apprécié le geste.
Il ne restait qu’à faire les derniers kilomètres pour rejoindre Avenches. Nous avons quelques rayons de soleil, mais finalement nous sommes arrivés aux Haras sous une pluie battante.
Nous sommes si fiers de nous qui n’avons presque jamais baissé les bras, de notre périple qui a été planifié par des mains de maîtres, de notre cheval qui a été plus qu’héroïque, de nos enfants qui ont toujours été positifs, de nos amis jurassiens qui nous ont soutenus et secourus dès qu’on a eu besoin d’eux.
Je pense sincèrement que nous avons eu beaucoup de chance d’avoir pu vivre cette expérience. Jamais nous n’aurions eu seuls cette folle idée. Stéphane Genoud a été le fou à nous la proposer, l’équipe d’une seule planète a été assez folle pour nous la suggérer, la folie a été planifiée et organisée par une équipe de fous et de passionnés, mais les vrais fous c’est nous. Nous avons été assez fous pour dire oui et nous lancer dans cette aventure sans savoir ce qui nous attendait. Mais comme dit Oscar Wilde: « les folies sont les seules choses que l’on ne regrette jamais! », alors oui c’était un mois parfois éprouvant, mais qu’est-ce qu’on ne regrette pas de l’avoir fait!
Merci à vous tous qui avez cru en nous, qui avez mis ce projet sur pieds et qui avez été là jour et nuit pour nous en cas de pépins. Sans vous tous, nous n’aurions pas pu aller jusqu’au bout.